Les trucs à ne surtout pas dire à un journaliste pour préserver la concorde

Inventaire non exhaustif des trucs à ne surtout pas dire à un journaliste, au risque de le voir changer de couleur et mettre à mal sa légendaire patience et ouverture d’esprit. 

1.

« Vazi, ça prend 5 minutes »

Force d’agacement : 9/10 

Qui n’a entendu cette petite phrase du rédacteur en chef ou chef de rub’ qui vous commande une minuscule news de curation de rien du tout ? A moins que ce ne soit quelques microscopiques publications sur Twitter, Facebook, Instagram, Pinterest, Linkedin, Viadeo, Youtube, Dailymotion et Slideshare ?

Lui comme vous savez que cela va prendre 30 minutes minimum : écriture des textes, choix et formatage de la photo et publication dans le CMS ou les différentes plateformes sociales (avec les bons tags et les bons descriptifs SEO). Et encore, 30 minutes seulement parce que vous maîtrisez méchamment les engins. C’est d’ailleurs pour cela qu’il VOUS le demande. En entreprise, on punit toujours les bons élèves.

Conseil pratique : lui faire comprendre que le papier sur les meilleures grimaces de Jennifer Lawrence que vous préparez aura un peu de retard. Ca devrait le calmer sur l’urgence absolue de cette nouvelle tâche qu’il vous impose. Ou bien vous finirez à 21 heures.

2.

« Ca intéresse qui ? »

Force d’agacement : 8/10

Vous pouvez donc remballer honteusement votre sujet sur le succès des cueilleuses-entrepreneuses d’Equateur grâce au micro-crédit. Inutile d’argumenter sur le format… Certes, les photos sont superbes et l’histoire est jolie, mais « ça marchera jamais », puisqu’on vous le dit !.

Conseil pratique : proposer un ultime test sous forme de diaporama avec des photos ultra-belles et légendes incisives. Négociez bien la présence en page d’accueil, relayez sur les réseaux et communautés. Et arrachez-vous sur le titre ! La prochaine fois, mettez un commercial dans la boucle, ce genre de sujet vecteur d’image positive intéresse les annonceurs. PS : si vous vous ratez complètement, ça va être dur de revenir à la charge sur des sujets « haut du front »…

3.

« Pendant la conf’, n’oublie pas de live-tweeter avec le bon hashtag du journal. Pense aux plans de coupe pour la video. Et prend une profondeur de champ faible pour les photos de portraits ! »

Force d’agacement : 8/10 

Vous voici initié à la culture hindoue et son dieu Shiva pour pas un rond. Pas petit-bras le chef. Comment expliquer qu’il va être difficile de tout faire bien à la fois ? Enfin, si l’on veut rester Kali.

Conseil pratique : sacrifier la qualité d’une des commandes (la moins importante, au hasard… le live-tweet) pour qu’on vous épargne le coup de la pieuvre la prochaine fois. Live-tweeter et prendre des notes exhaustives pour un article, ce n’est pas la même chose, par exemple.

4.

« Vous les journalistes, vous avez au moins la chance d’exercer votre passion »

Force d’agacement : 7/10

Apprenez à décrypter ce propos : « vous – les journaleux – vous gagnez une misère, contrairement à nous – les commerciaux -, mais vous faites un métier qui en jette, alors arrêtez de gémir, z’avez fait un choix ».

Donc pognon ou passion, il faut choisir. Cette opposition n’a bien sûr aucun sens, en principe. Les gens passionnés ne sont-ils pas les plus compétents ? Ce qui devrait conduire à mieux les payer si l’on se tient à notre envié système méritocratique ? Las, si on était payé au mérite, les prix Nobel rouleraient en Ferrari et l’éponyme Lolo n’aurait pas eu la glorieuse carrière poitrinale qu’elle eut, indéniablement.

Conseil pratique : ne pas faire dans la surenchère, ni la pique blessante. Tâchez de lui expliquer l’immoralité profonde de ce principe. S’il persiste dans son hérésie, envoyez-le bouler, sévère.

5.

« Ah non, on ne peut rien installer sur son poste. Si on vous laissait faire les journalistes, faudrait dévéroler le réseau tous les 2 jours »

Force d’agacement : 8/10

Ahhhhh, c’est la raison pour laquelle nous sommes encore sur Explorer 6, que je ne peux voir aucune video – Flash obsolète – et qu’aucune iframe n’est compatible sur le site ? C’est par sécurité que notre site a l’interface d’un blog Multimania de 1998 ? Je me sens mieux, d’un coup.

Conseil pratique : demander gentiment la mise à jour de toutes les applis web, jouer de son charme et de son entregent. Allumer quelques cierges aussi.

6.

—Vous : « Mon PC ne démarre plus…  » 

—Lui : « t’as essayé de brancher la prise? Warfwarfwarf ».

Force d’agacement : de 2 à 10 selon la récurrence de la blague.

Par nature le journaliste est un manchot technique, surtout si c’est une fille. Du moins aux yeux de certains techos-machos. Mais cela n’empêche pas qu’on puisse s’en amuser. A condition que cela ne tourne pas à la vanne lourdingue à visée communautaire : eux (les manchots) contre nous (les débrouillards).

Conseil pratique : rire de bon coeur LA PREMIERE FOIS. Ensuite vous pouvez la jouer « représailles », selon votre appétence à la joute verbale. « Toi t’as toujours pas branché ton cerveau », ou plus élégant « je vais la brancher sur ton rectum – connard – tu me diras si ta libido redémarre ». Evidemment, avec ce genre de jolie réplique, on adopte la politique de la terre brûlée. Faudra pas se plaindre si l’ordi n’est dépanné que dans 3 semaines…

7. 

« Il faut doubler le nombre d’abonnés Facebook d’ici trois mois ! »

Force d’agacement : 5/10

Mais bien sûr ! Avec la modification de l’algorithme Edgerank qui flingue notre reach, avec nos photos moches et nos sujets bien chiants ? Et quand j’ai fini je découvre le remède contre le cancer ? De toute façon, ce ne sont pas NOS abonnés, mais ceux de Facebook, nom de nom. Faudrait ptet’ essayer plutôt de gonfler le nombre des abonnés à la newsletter ? Booster les recirculations sur le site et AUSSI améliorer notre viralité sur les réseaux ? Je dis ça… je suis pas expert marketing, c’est vrai.

Conseil pratique : faites comme vous pouvez, avec les moyens du bord. Fuyez, vous n’avez aucune chance.

8.

« Ah non, les accès Nielsen et Google Analytics, c’est réservé au marketing »

Force d’agacement : 7/10

Et oui, ce serait dommage de nous permettre d’améliorer l’efficacité de notre travail. On risquerait d’être plus productifs, plus rentables pour la boîte. Inacceptable.

Conseil pratique : lutter bec et ongles pour avoir les stats Google au moins et pas que pour ses propres articles. Accès global pour pouvoir comprendre les interactions sur le site, les sujets qui fonctionnent bien, ceux qui marchent moins bien et pourquoi (format, contexte, sujet ?).

9.

« Bien ton titre, clair, accrocheur. Par contre pas assez de mots clés… »

Force d’agacement : 8/10

Voila qui nous rappelle le « trop de notes » de l’empereur Joseph II à Mozart – Ou comment ruiner un compliment par sa conclusion.

Conseil pratique : la présence des mots clés dans le titre, liée au référencement existe toujours mais est en train de prendre moins d’importance, en raison des réseaux sociaux. Si le titre est clair et vendeur, pourquoi vouloir l’affadir avec des mots-clés ?

La raison d’être des mots-clés dans le titre est d’être efficace le plus vite possible. Pour permettre au lecteur de comprendre immédiatement de quoi on lui parle et quel est son bénéfice lecteur. Mais si utiliser le mot « bagnole » et non pas « voiture » renforce l’attrait de votre titre, utilisez-le !

Et tant pis si « voiture » est 40 fois plus populaire sur Internet que « bagnole ». Vous ne gagnerez pas sur ce critère, mais ce sera compensé par une plus grande diffusion sur les réseaux. Comme cet autre critère devient prépondérant pour le SEO, vous serez gagnant. Les règles du référencement Google, c’est surtout servir le lecteur, n’en soyons pas esclaves !

10.

« Sympa ton sujet sur les origines de la crise grecque. Tu peux me le faire en 1500 signes ? »

Force d’agacement : 8/10

Et je te synthétise la Bible dans un haïku ? On peut résumer n’importe quoi en 1500 signes. Mais, en revanche, pas sûr que le lecteur y comprenne, ni retienne grand chose. Synthétiser trop, c’est rendre plus complexe. C’est le défaut des grands cerveaux qui ne conçoivent pas qu’on soit moins malins qu’eux et procèdent par ineptes ellipses. Si, si, rappelez-vous ce petit con polytechnicien de cousin qui lance toujours des phrases sibyllines, du genre : « le problème de la France, c’est son excès de liberté ». Tout ça, en espérant qu’on le supplie de s’expliquer pour qu’il puisse poser sa lumineuse vérité sur vous, adulants apôtres.

Voilà, si vous évitez ces écueils, vous devriez vous entendre à merveille avec ces doux journalistes qui ne demandent qu’à être vos amis, et à partager avec vous de beaux moments de connivence humaine (j’en fais trop ?). A vous de compléter la liste maintenant :). Précisez votre compte twitter/blog et je vous ajouterai au billet.

PS : Ceci est une CARICATURE dans laquelle je me moque surtout de moi. C’est évidemment plein de poncifs et d’exagérations…

C’EST A VOUS !

11. 

Loïc Ballarini (@cioluloid sur Twitter ) – rend hommage aux SR :

« Ne perds pas trop de temps à relire, les lecteurs ne font pas attention aux fautes » ou encore « Ne perds pas trop de temps à relire, tu as ProLexis sur ta machine. »

Force d’agacement: 5/10 la première fois, peut monter à 8 à force de répétition

Pourquoi ne pas choisir non plus une photo de une floue et décadrée, mettre un titre sur 4 lignes et se planter de rubrique à la mise en page ? De toute façon, le lecteur se fout bien de ce qui est dans son journal, la preuve : il continue de l’acheter.

Conseil pratique: Expliquer calmement que la qualité d’un contenu passe aussi par la qualité de la langue dans laquelle il est exprimé (imaginez donc un JT où on vous dirait: « Ne perds pas trop de temps avec tes raccords et tes enchaînements, nos téléspectateurs n’ont pas fait la Femis. »). En cas de récidive, laisser filer et se consoler sadiquement en imaginant la tête du rédac-chef submergé des lettres de réclamation indignées des lecteurs.

12.

Isabelle (@isabellezede sur Twitter) – défend pour sa part le travail des iconographes :

“Tu peux m’avoir cette photo. Vite c’est pour dans 5 min, le maquettiste attend. La photo ? Je l’ai trouvée dans Google Images”.

Force d’agacement : 8/10

En presse, c’est le lot quotidien des iconographes : l’urgence. Mais Google Images n’est pas une source d’images fiable pour de multiples raisons : mauvaise qualité d’image, pas de légende, pas de crédit, pas d’accord du photographe, pas de négociation de prix (dans l’urgence).

Tandis que l’iconographe /rédacteur-trice photo (en presse) a des contacts avec des photographes, des agences photos, des institutions, des musées, etc.

Une agence photo a les autorisations des personnes mineures par exemple et les autorisations liées au droit à l’image signées. Si on publie la photo d’un photographe, il faut avoir son autorisation aussi. Un photographe peut très bien refuser que ses photos soient publiées dans un canard dont il n’apprécie pas la ligne éditoriale, avec qui il a eu des problèmes de non-paiement des droits de reproduction, etc.). Et attention : au moment où la maquette insère la photo, il faut vérifier que la photo n’est pas recadrée. Le cas échéant, il faut demander l’autorisation à l’agence ou au photographe.

Ensuite, pour qu’une image puisse être imprimée, elle doit être en haute définition (à 300 dpi avec une définition correcte pour supporter l’impression). Sauf pour le web mais c’est encore une autre histoire.

Puis une photo doit avoir une légende et un crédit. On ne fait pas dire n’importe quoi à une photo (sauf si on a le talent de Desproges dans l’almanach). Un-e rédacteur photo va faire attention au contexte dans lequel l’image est utilisée.

Conseil pratique : à l’impossible nul n’est tenu. Si la source n’est pas identifiée, proposez des photos que vous aurez trouvées dans des sources sûres.

13.

Franck – du blog H26 – ironise sur la générosité des chefs qui vous dépouillent gracieusement de votre sujet :

“Bon, je vois que t’as du taf, je fais le papier sur XXX ça te fera gagner du temps”.

Force d’agacement : 2 à 8 sur 10, selon la récurrence

Bien entendu, vous n’entendrez jamais cette phrase quand XXX est un sujet bien bateau qui demande quatre heures de vérifications et ne vous intéresse pas. Non, si le réd’chef vous propose de vous faire gagner du temps, c’est qu’il a envie de faire ce papier. Pendant ce temps, vous pourrez galérer avec votre article sur YYY, qui n’est ni votre spécialité, ni votre centre d’intérêt et que le même réd’chef vous aura demandé parce que “je sais c’est chiant mais bon faut traiter tous les sujets hein”.

Conseil pratique : Prenez votre plus bel air courageux et répondez “c’est gentil, mais bon, je suis chef de rubrique des XXX, donc c’est à moi de le faire. Je finirai chez moi et je récupérerai demain matin, c’est bon”. Vous passerez pour un branleur en arrivant à 13h30 le lendemain, mais au moins vous aurez fait le papier intéressant. (NB : pigistes, à appliquer à vos risques et périls.)

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Cyrille Frank

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 Crédit photo ©_tar0_/ via Flickr.com

22 commentaires sur « Les trucs à ne surtout pas dire à un journaliste pour préserver la concorde »

  1. Perso, je rêve qu’un jour un journaliste me demande un accès analytics ou utilise celui que je lui ai créé il y a 5 ans…

  2. En spéciale dédicace à nos amis secrétaires de rédaction et d’édition, le fameux (entendu régulièrement de la bouche d’un rédac-chef au cours de 5 ans en presse régionale, avec un gros contingent de correspondants locaux à gérer et corriger):

    «Ne perds pas trop de temps à relire, les lecteurs ne font pas attention aux fautes.»

    Avec une variante amusante: «Ne perds pas trop de temps à relire, tu as ProLexis sur ta machine.»

    Force d’agacement: 5/10 la première fois, peut monter à 8 à force de répétition.

    On va aussi choisir une photo floue et décadrée, mettre un titre sur 4 lignes et se planter de rubrique à la mise en page. De toute façon, le lecteur se fout bien de ce qui est dans son journal, sinon pourquoi l’achèterait-il ?

    Conseil pratique: Essayer d’expliquer calmement que la qualité d’un contenu passe aussi par la qualité de la langue dans laquelle il est exprimé (imaginez donc un JT où on vous dirait: «Ne perds pas trop de temps avec tes raccords et tes enchaînements, nos téléspectateurs n’ont pas fait la Femis.») En cas de récidive, laisser filer et faire des heures supplémentaires non payées en imaginant la tête du rédac-chef baignant dans une soupe de lettres.

    (@cioluloid)

    1. Merci Loïc !

      J’ai intégré votre excellente contribution 🙂 J’ai juste reformulé très superficiellement votre dernière phrase, car je ne l’avais pas comprise de prime abord (« faire des heures supplémentaires non payées » semblait un peu contradictoire avec la revanche supposée), j’espère que vous ne m’en voudrez pas – Après tout, c’est ce que font les SR à longueur de temps 😉

      A bientôt !

      Cyrille

  3. EXCELLENTISSIME !! je le reroute, euh non c’est pas le bon terme, à tous mes contacts !!
    Signé : un SR et rédacteur confirmé par 25 ans de pratiques d’un journalisme malheureusement disparu !! Vale !

  4. 12 – T’emmerde pas à illustrer ton papier avec une photo d’un de ces trouducs névrosés de photographe pro, va donc en piquer une chez FlickR !

  5. « Tu peux m’avoir cette photo. Vite c’est pour dans 5 min, le maquettiste attend. La photo ? Je l’ai trouvée dans Google Images ».

    Force d’agacement 8/10
    En presse, c’est le lot quotidien des iconographes l’urgence.
    Mais Google Images n’est pas une source d’images fiable pour de multiples raisons : mauvaise qualité d’image, pas de légende, pas de crédit, pas d’accord du photographe, pas de négociation de prix (dans l’urgence).

    Tandis que l’iconographe /rédacteur-trice photo (en presse) a des contacts avec des photographes, des agences photos, des institutions, des musées, etc.
    Une agence photo a les autorisations des personnes mineures par exemple et les autorisations liées au droit à l’image signées.
    Un-e rédacteur photo va faire attention au contexte dans lequel l’image est utilisée.

    Ensuite pour qu’une image puisse être imprimée, elle doit être en haute définition (à 300 dpi avec une définition correcte pour supporter l’impression). Sauf pour le web mais c’est encore une autre histoire.

    Puis une photo doit avoir une légende et un crédit. On ne fait pas dire n’importe quoi à une photo (sauf si on a le talent de Desproges dans l’almanach).

    Si on publie la photo d’un photographe, il faut avoir son autorisation. Un photographe peut très bien refuser que ses photos soient publiées dans un canard dont il n’apprécie pas la ligne éditoriale, avec qui il a eu des problèmes de non-paiement des droits de reproduction, etc).

    Au moment où la maquette insère la photo, il faut vérifier que la photo n’est pas recadrée (car dans ce cas, il faut demander l’autorisation à l’agence ou au photographe).

    Conseil pratique : à l’impossible nul n’est tenu. Si la source n’est pas identifiée : proposez des photos que vous aurez trouvées dans des sources sûres.

    1. Merci Isabelle de cet exemple qui doit être bien agaçant 🙂

      J’imagine que vous le savez, mais il existe un paramètre avancé de Google image qui permet de trier par Creative Commons, par taille, voire par couleur.

      https://www.google.com/advanced_image_search?hl=fr&biw=1742&bih=992&q=%C3%A9cureuil&tbm=isch

      Ce n’est souvent pas la même qualité que des photos pro, mais parfois utile pour de la photo historique ou d’archive pour le web (résolution moins grande requise). Je dis ça, je dis rien (JCDR comme on dit chez les Twittos)

      A bientôt ! 🙂

    2. Oui je confirme,iconographe pendant 20 ans les  » journaleux » ont fini par me dire que par mesure d’économie, ils allaient chercher eux mêmes leurs photos,résultat:1 an après m’avoir éjectée,le journal a fait faillite et a fermé…comme quoi,personne ne sert vraiment à quelque chose dans ce milieu n’est-il pas?

  6. Bravo : belle plume, joliment acérée. Tu as 8 minutes pour me pondre 2000 signes géniaux pour mon édito (j’ai pas le temps, là, mais « nègre », c’est super formateur : tu verras, tu me remercieras).

  7. « Bon, je vois que t’as du taf, je fais le papier sur XXX ça te fera gagner du temps ».

    Force d’agacement : 2 à 8 sur 10, selon la récurrence

    Bien entendu, vous n’entendrez jamais cette phrase quand XXX est un sujet bien bateau qui demande quatre heures de vérifications et ne vous intéresse pas. Non, si le réd’chef vous propose de vous faire gagner du temps, c’est qu’il a envie de faire ce papier. Pendant ce temps, vous pourrez galérer avec votre article sur YYY, qui n’est ni votre spécialité ni votre centre d’intérêt et que le même réd’chef vous aura demandé parce que « je sais c’est chiant mais bon faut traiter tous les sujets hein ».

    Conseil pratique : Prenez votre plus bel air courageux et répondez « c’est gentil, mais bon, je suis chef de rubrique des XXX, donc c’est à moi de le faire. Je finirai chez moi et je récupérerai demain matin, c’est bon ». Vous passerez pour un branleur en arrivant à 13h30 le lendemain, mais au moins vous aurez fait le papier intéressant. (NB : pigistes, à appliquer à vos risques et périls.)

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