Quand les journalistes se font marketeux, ce n’est pas chiant

Le 11 août 2010, Rue89, nous a montré comment réaliser une campagne de marketing viral en lançant la 2e édition de son #jourchiant. Une initiative réussie qui montre aussi la nécessité pour les journalistes de “marketer” un peu leurs articles.

LE #JOURCHIANT UN #JOURFASTE

Le hashtag “jourchiant est devenu n°1 des plus échangés et retwitté en France
. Il a été abondamment retwitté par la twittosphère influente et active : journalistes, blogueurs, professionnels des médias ou d’Internet…

Au total 585 twitts ou retwitts sur #jourchiant (39 X 15) L’article de live-blogging de Rue89 affiche 56 000 visites sur l’article et 227 commentaires (A 12H30 le lendemain 12 août).

Ce fût indéniablement le sujet le plus discuté de la journée du 11 août, du moins au sein de la twittosphère “influente”, c’est à dire des plus actifs et plus leaders d’opinion.

LES INGREDIENTS DU SUCCES

1- Un sujet pertinent

Le succès de cette opération virale repose aussi sur la cohérence avec la ligne éditoriale de Rue89. En l’occurrence le propos était pertinent : dénoncer les “marronniers d’été”, pratique journalistique traditionnelle qui consiste à édulcorer l’information en période estivale.

Les journalistes parlent pas ou peu des choses graves pour ne pas fournir d’infos “anxiogènes” à leurs lecteurs durant leurs vacances. Ce qui était intéressant dans la démarche de Rue89, c’était le principe du témoignage qui ajoute une dose de représentativité à son propos.

Les exemples donnés par les lecteurs eux-mêmes confirment bien le postulat de départ : oui, on en a assez de cette ligne éditoriale biaisée des médias durant les périodes de congés. L’information “sérieuse” ne s’arrête pas aux portes de l’autoroute A7.

2- Un sujet impliquant

Qui amuse, qui agace, qui enthousiasme, qui indigne… mais qui ne laisse pas indifférent.

Enthousiasme pour certains : “@coraliejaunet: Le #jourchiant de @rue89 est vraiment une bonne idée, non ?”

Indignation pour d’autres (lapin compris) :“@MMartin: #jourchiant @SylvainLapoix @tdebaillon @koztoujours @zinebdryef Le premier mot qui m’est venu, après un mot très vulgaire, c’est “indécent”…

Agacement : “@DESCHODT: heu… #jourchiant = resucée de viedemerde. On va avoir droit à des bouquins bientôt. #jourchiant #modeàlacon

Perplexité : “@SylvainLapoix: “le 11 août, #jourchiant !” Ah bon ? Société http://is.gd/ecKK9 (expand) Inter http://is.gd/ecK9o Eco http://is.gd/ecKLr Médias http://is.gd/ecKMr ” ou

@alicemkr + 1 Le #jourchiant c’est que sur Twitter. Moi j’ai passé une excellente journée! Avis aux No Life…”

Suivisme : ” @megaconnard: En ce #jourchiant suivez @megaconnard le mec le plus chiant de twitter. Sans compter l’opportunisme de bon aloi de Slate : “@slatefr: Chez nos amis de @Rue89, c’est le #jourchiant. Pas chez nous. De la lecture: http://bit.ly/9AB2RI http://bit.ly/d4xke3 http://bit.ly/bfSsRC

3- Une participation accessible

L’appel à contribution a été un succès indéniable car l’effort demandé était mesuré. Il s’agissait d’une participation facile et rapide qui suscitait l’engagement immédiat du plus grand nombre. On n’était pas dans le data-journalisme contributif de Wikileaks ou d’Owni qui requièrent davantage de temps et d’abnégation.

4- Un ton ludique

Crédit phto Eyecatcher

Si le propos de fond est sérieux, le ton est humoristique. Il s’agit de repérer les “perles” de l’information assoupie, pas de dénoncer gravement les dérives d’une société en perte de valeur ou de démocratie, à la sauce Plenel.

L’équipe de Rue89 s’est clairement amusée avec son sujet, n’hésitant pas à se bâcher les uns les autres sur Twitter dans une ambiance espiègle et rigolarde, à l’exemple de @Pierrehaski en personne :

“Un #jourchiant sans @Julien89, c’est comme un plat auquel manquerait une épice”

Et la réponse de @Julien89 : “Pfff, vous êtes déjà alcoolisés… @zinebdryef @pierrehaski @AugustinS @lucilesourdes @emmabonneau @francoiskrug @yannguegan #jourchiant“…

5- Une contribution valorisante

C’est un élément très important du mécanisme viral de ces sujets en chaîne, reliés par les hashtags #). Il faut impérativement que le participant soit valorisé socialement par son propos. La bonne idée de Rue89 est de permettre à tous d’être intelligents et de briller en société.

On retrouve ce principe dans d’autres hashtags récents comme : #4motsavantlamort, #PourTousCeuxQui, #jesuisvieux. Faire plancher tout le monde sur un sujet identique pas trop dur,  afin de permettre à chacun d’exprimer sa lucidité, sa pertinence, sa créativité, son humour, sa sensibilité.

En somme ces hashtags sociaux sont des exhausteurs de personnalité, et quel meilleur moyen pour susciter l’adhésion de la population active de Twitter, justement en recherche de visibilité sociale ?

6- Une force de frappe médiatique

La meilleure idée du monde ne suffit pas à lancer une opération virale, il faut que celle-ci puisse s’appuyer sur un relais médiatique fort.

En l’occurrence, Rue89 a soigné l’exposition de son l’article en une de son site, mais a aussi promu l’article sur Twitter, mettant une bonne partie de sa rédaction à contribution, à commencer par son patron Pierre Haski. @augustins, @YannGueguan, @zinebdeyef, @lucilesourdes, @emmabonneau @julien89 ou encore le compte officiel de la rédaction @rue89 ont donc relayé l’opération.

Rue89 nous a donc prouvé comment les réseaux sociaux pouvaient être utilisés pour augmenter son audience, sans pervertir sa ligne éditoriale ni abîmer son image (hormis auprès de quelques grincheux qui n’ont pas compris la démarche). C’est un exemple réussi d’une vraie synergie entre journalistes et lecteurs, porteuse de sens mais aussi de complicité. Et cela sans dotation :) . Mais ce succès viral est aussi la récompense d’un travail communautaire et journalistique de longue haleine appuyé sur un média. N’est pas Rue89 qui veut…”

Cyrille Frank aka Cyceron

4 commentaires sur « Quand les journalistes se font marketeux, ce n’est pas chiant »

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