Le journalisme « augmenté », ce n’est pas les outils, c’est l’humain !

5e anniversaire réjouissant des Observateurs de France24 dans l’univers morose du journalisme français touché par deux mauvaises nouvelles consécutives : la liquidation judiciaire de l’agence Sipa et l’annonce de la fin probable d’owni.fr. Un succès indéniable du site international qui consacre définitivement le journalisme « augmenté » de la communauté. Et un salutaire rappel sur l’origine première de notre création de valeur : la vérification de l’information.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore les Observateurs de France 24, il s’agit d’une plateforme contributive entre un site d’information, France24 aidé de RFI, et des correspondants amateurs à travers le monde. L’idée est de s’appuyer sur des milliers de témoins et enquêteurs locaux pour alerter les journalistes de ce qui se passe à l’échelle du monde. Et en particulier dans des zones difficiles d’accès aux journalistes, où ils ne sont clairement pas les bienvenus.

Dans 99% des cas explique Julien Pain, rédacteur en chef des Observateurs, les contributeurs envoient spontanément des infos sur le site de France24, sous forme de textes,  photos ou videos… En ce cas, ils ne sont pas payés, mais de toutes façons, leur motivation n’est pas vénale. Ils veulent surtout alerter le monde de ce qui se passe chez eux. C’est un cri de colère et souvent un appel à l’aide pour tâcher, tant bien que mal, de faire reculer les dictatures, ou de dénoncer des exactions. Et ils sont prêts à prendre de gros risques personnels pour cela.

A la différence de nous autres, blogueurs gâtés de la démocratie opulente, gavés d’ego, eux sont bien souvent condamnés à l’anonymat et ne sont motivés que par la transmission gratuite de l’information au plus grand nombre.

Et en cinq ans, cette communauté a pris du poids : pas moins de 3 000 observateurs de confiance avec qui le site a déjà travaillé, plus de 60 000 personnes inscrites pour collaborer.

UNE VRAIE SYNERGIE ENTRE JOURNALISTES ET CONTRIBUTEURS

France 24 a pris le parti dès le départ de vérifier très attentivement toutes les informations qui lui sont envoyées. Alors le site publie peu : deux articles en moyenne par jour pour une équipe de cinq journalistes. Un rendement qui ferait sourire n’importe quelle rédaction web et pourtant Julien et son équipe ne chôment pas.

Ici, on prend le temps de s’intéresser aux questions au long cours, on suit les sujets, bien en amont, avant que les crises n’éclatent. On travaille le réseau et le fond pour comprendre les choses de l’intérieur. Et pas dans l’urgence, le jour de la catastrophe, en appelant le témoin choppé à la va-vite sur Twitter. C’est ainsi que Slimann Rouissi, l’un des observateurs à Sidi Bouzid, a alerté très tôt France24 de la contestation grandissante de la population locale, qui a débouché sur le fameux printemps arabe en Tunisie et dans tout le moyen-orient.

Mais chaque observateur est pris en charge par un journaliste qui travaille avec lui en détails sur chaque sujet. D’abord vient le temps de la vérification. Le sujet réceptionné, il s’agit de croiser les informations à partir d’autres sources locales. Y a-t-il un autre Observateur de confiance témoin de l’événement relaté ? C’est ainsi que Sanogo, l’un des contributeurs « fondateurs » des Observateurs va se révéler d’une grande utilité en vérifiant sur place la véracité d’une video choquante reçue via le formulaire de contribution du site.

Celle-ci montrait deux hommes brûlés vifs dans le nord de la Côte d’Ivoire, en pleine guerre civile entre partisans de Laurent Gbago et ceux d’Alassane Ouattara. L’enquête de Sanogo va confirmer hélas l’occurrence des faits. En revanche, il va révéler aussi que les « assaillants » massacrés par la milice de Gbagbo étaient de pauvres types, des manutentionnaires maliens qui ont eu le tort de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Assia El’Hannouni et son guide, médaillé d'or sur 200 mètres aux Jeux Paralympiques 2012
Assia El’Hannouni aux Jeux paralympiques 2012

Avec les Observateurs, ce ne sont plus les journalistes qui confirment l’information, mais les témoins locaux totalement intégrés à la société et donc forcément mieux informés. Le journalisme citoyen prend alors tout son sens, car il y a une vraie complémentarité. Le journaliste encadre le travail d’enquête local du citoyen en demandant des précisions, en posant des questions précises, en demandant des éléments matériels pour appuyer tel ou tel point de vue.

Et puis, il y a des informations qui sautent aux yeux d’un observateur local et qui échappent totalement à un étranger qui ne travaille pas sur place. Ainsi dans notre exemple, la présence de la brigade anti-émeute sur les lieux du drame indique immédiatement d’où vient l’exaction pour toute personne résidant sur le terrain. Cette milice est en effet connue des Ivoiriens pour être fidèle à Laurent Gbagbo.

A l’instar de l’Inde, où les saris et les turbans, dans le choix des tissus, la couleur et la manière de les nouer, indiquent clairement de quelle caste on émane, mais aussi de quelle région et même de quelle profession on est. Cette grammaire sociale immédiate de la société indienne nous est totalement étrangère. Nous nous contentons d’admirer ce superbe chatoiement de couleurs et ce folklore culturel si « sympathique ».

Ensuite, vient le temps de la verbalisation de toutes ces informations et là, le journaliste formé à ces techniques narratives, prend les choses en mains pour accompagner la rédaction finale. Chaque mot est choisi en accord avec l’observateur local pour mieux rendre compte de la réalité du terrain. Le mot « assaillant » n’est pas anodin. Il correspond au discours de la propagande locale, il est important de le mentionner comme tel, pour comprendre ce qui se joue sur place.

Le journaliste seul n’est rien, car il lui manque les yeux. Mais de la même manière, l’observateur sans son guide journaliste, ne saurait pas forcément quoi regarder, ni quoi chercher. Ni vraiment comment formuler ensuite les choses pour rester sur des faits et non des commentaires, pour être précis et clair dans l’enchaînement du récit ou de l’explication.

LES OUTILS, LA TECHNIQUE SONT SECONDAIRES

Julien Pain va exactement dans le même sens que mon discours tenu l’après-midi même auprès de journalistes du Figaro, lors d’une formation aux réseaux sociaux. Les outils ne sont pas l’essentiel, ce qui compte c’est la rigueur de vérification des informations, la culture générale et la connaissance préalable des sujets. Et la méthode, le « métier » qui fait qu’on se méfie des évidences, qu’on croise ses informations, qu’on est prudent et mesuré dans ses termes.

Pour les Observateurs de France24 aidés des correspondants de RFI, l’important n’est pas d’utiliser les derniers outils à la mode, la Google Map, la chronologie (on dit « timeline » pour être geek) top super jolie en html 5. Bien souvent à France 24, on se contente de téléphone et d’un peu de bidouille internet. Comme le clic droit sur un fichier image originel qui permet d’en apprendre beaucoup sur la date du cliché, sa géolocalisation, le matériel employé. Julien Pain a même quelque vergogne à utiliser un jargon technique pour décrire ces infos : les méta-données.

Pour autant, les technologies sont loin d’être inutiles. Skype a révolutionné l’interview à distance, surtout depuis le développement du téléphone mobile qui permet de s’appeler à moindre coût (pour peu qu’on capte un minimum, ce qui n’est pas toujours le cas bien sûr dans les zones reculées). Attention toutefois à ne pas l’utiliser dans les zones contrôlées par la censure et lui préférer des outils chiffrés comme OTR, GPG, Gypsy, Mumble… cc @Metasky

Et surtout, les réseaux sociaux ont montré leur formidable rôle dans la diffusion des informations et la lutte contre l’opacité médiatique que cultivent les dictatures. On sait l’importance de Twitter et facebook dans la circulation des nouvelles lors des révolutions arabes. Ce, grâce en particulier à des journalistes comme Andy Carvin qui ont joué ce rôle de vérificateur et de filtre indispensable, pour démêler le vrai du faux.

L’un des courageux blogueurs-observateurs chinois qui se fait appeler docteur Deng, raconte le rôle central joué par le réseau Weibo dans la résistance des paysans expropriés de la région du Wukan. Il m’explique comment les villageois ont pu s’organiser, se soutenir et désigner un leader pour représenter la révolte contre l’expropriation de leurs terres. En dépit d’un blocus de trois mois des autorités locales qui cherchaient à les affamer, les villageois ont pu réussir à faire passer des vivres en communiquant de manière codée sur Weibo avec des soutiens de l’autre côté. Il me raconte un épisode épique digne du siège de la Rochelle. C’est pourquoi le projet de gouvernance mondiale d’Internet par les Etats eux-mêmes m’inquiète au plus au point…

De la même manière, la connaissance des outils de vérification de type who.is ou de tracking d’adresse IP, les logiciels comme photoforensics.com ou tineye.com qui permettent de savoir si une photo a été trafiquée, tout cela fait gagner du temps. mais à un certain moment, il faudra décrocher son téléphone pour aller encore plus vite. Ne serait-ce que pour demander le fichier image « source » où se trouvent toutes les données de géolocalisation, m’explique Julien Pain.

Par ailleurs, ouvrir un document partagé (vous pouvez participer d’ailleurs !!!) pour faire collaborer les utilisateurs n’a rien de révolutionnaire. C’est un appel classique à témoignages qu’on voit dans la presse traditionnelle depuis belle lurette. Mais désormais, en les diffusant sur les réseaux sociaux, à des communautés ciblées, on peut gagner en efficacité et recueillir rapidement des informations, des opinions ou des expertises pertinentes.

Les nouveaux outils ne remplacent pas les anciens, il s’ajoutent. Tout comme les nouveaux médias ne font pas disparaître les précédents, mais coexistent, et se partageant de fait, le temps disponible de leur public.

 LE CYCLE « POLYVALENCE-SPÉCIALISATION »

Shiva pas pouvoir tout faire...
Shiva pas pouvoir tout faire… – Crédit photo ©giveawayboy via Flickr.com

Ce débat sur les outils est aussi l’occasion d’aborder la question du fameux « journaliste-Shiva » à qui l’on demande tout, et parfois simultanément (d’où les nombreux bras dont il a besoin, comme le Dieu indien Shiva).

En réalité, cette question revient périodiquement à chaque nouvelle phase d’innovation technologique forte. Lorsque j’ai commencé mon métier de journaliste web en 1997 chez ZDnet, nous étions quatre à la rédaction, aidés de deux ou trois pigistes. Un rédacteur en chef-développeur, un rédacteur en chef adjoint – le vrai responsable éditorial du site – une rédactrice nouveaux produits, et moi, rédacteur high-tech et éditeur-découpeur des articles papiers « fleuves » du groupe (PC Direct / PC Expert).

A cette époque, il fallait éditer soi-même un certain nombre de pages « en dur ». Je fus obligé d’apprendre le HTML, contraint de me servir de Dreamweaver, d’acquérir vite les bases de Photoshop pour retoucher et recadrer les photos , plus quelques logiciels comme ceux permettant le transfert FTP. On était dans l’ère des bidouilleurs et si je parvenais peu ou prou à mes fins, je perdais un temps fou.

En 2000, lorsque j’ai rejoint Altavista, Internet avait pris de l’importance. Impossible de se contenter de bricoler, cette fois un développeur-intégrateur montait les pages 100 fois plus vite et mieux que moi. Chacun son job, chacun sa spécialité, chacun sa création de valeur. J’étais plus utile avec des mots qu’avec des balises.

Rebelotte, en 2002, l’irruption des blogs fait exploser cette vieille architecture rigide des pages HTML. Tout le monde peut créer des sites et intégrer des contenus multimedia par simple copier-coller de codes <iframe>. De nouveaux outils en ligne tentent alors d’effacer les frontières entre les métiers, comme les logiciels d’infographies en ligne. Ces outils très bien faits permettent de réaliser un travail correct grâce à l’utilisation de bibliothèque de visuels « clés en mains ».

Mais, soyons honnêtes, le résultat, s’il est honorable, n’arrive pas au niveau de celui produit par un graphiste. En plus ce travail prend un temps fou pour celui dont ce n’est pas la formation et qui n’a ni l’agilité technique, ni l’oeil. Une fois de plus, chacun son métier. Il ne viendrait pas à l’esprit d’une entreprise du bâtiment de demander à un plombier de faire un peu d’électricité au passage.

Pareil s’agissant du data-journalisme : traiter les données sur Excel n’est pas la meilleure façon d’exploiter les compétences d’un journaliste. Sauf à le former très sérieusement et longtemps sur le tableur et les différents outils de data-visualisation en ligne.

ACQUÉRIR LA CULTURE GÉNÉRALE POUR MIEUX COLLABORER

En revanche, les journalistes doivent s’intéresser à tous ces outils, ils doivent mettre les mains dans le cambouis. Comprendre comment ça marche concrètement, afin d’être en mesure de mieux travailler avec d’autres spécialistes, comme lui : développeur, graphiste, documentaliste…

Passer un demi-journée à réaliser une infographie ne va pas être inutile pour la suite. Cela va permettre au journaliste de comprendre la nécessité de préparer correctement les données en amont, de faire des choix pour ne pas trop surcharger le visuel, de bien scénariser l’infographie et bien angler le propos afin de la rendre plus impactante et plus lisible…

Travailler sur des fichiers Excel permet de savoir lire un tableau pour en tirer du sens, apprendre à faire des choix là encore pour isoler les informations les plus pertinentes, comprendre quelles représentations seraient la mieux adaptées aux données, afin de passer la bonne commande auprès des graphistes ou intégrateurs.

Les journalistes doivent être à l’origine de la commande car ils connaissent le mieux le sujet. Ce sont eux qui vont « tilter » sur une baisse de l’espérance de vie en Russie en 1990, car ils vont faire le rapprochement avec l’effondrement de l’empire soviétique. Meilleure évaluation des statistiques jusque là truquées ou appauvrissement réel de la population qui sombre dans l’alcoolisme et se suicide en masse ? Il leur appartiendra ensuite d’analyser la courbe, mais celle-ci leur sera apparue beaucoup plus facilement qu’à un développeur, pas forcément féru d’Histoire.

Ils ne doivent pas tout faire opérationnellement. Par contre, ils doivent potentiellement savoir le faire, même approximativement, même lentement, pour comprendre la logique et apprendre à travailler avec les autres.

Une fois de plus, la clé réside dans la capacité à collaborer et donc à comprendre le langage de l’autre, ses contraintes, sa manière de communiquer. D’où le lien clair que j’établis avec le journalisme contributif dont France24 et RFI nous donnent un éclatant exemple de réussite.

Mais, il faut toutefois rappeler que, en l’occurrence, c’est le financement public qui permet de réaliser ce travail de fond non rentable, mais d’intérêt général. Comme le rappelle l’école de journalisme de Columbia dans un rapport très précieux, rien d’étonnant à cela, le bon journalisme a toujours été subventionné.

UN JOURNALISME DE QUALITÉ FORCÉMENT PUBLIC ?

Il ne s’agit évidemment pas de conclure aussi facilement. D’abord, il faut s’entendre sur ce que l’on appelle journalisme subventionné. Il existe de nombreux dispositifs directs et indirects d’aide à la presse. Alléger les frais de distribution en exonérant les frais postaux n’est pas la même chose que distribuer des espèces sonnantes et trébuchantes, notamment en termes de dépendance vis à vis de la puissance publique.

Ce qui est sûr, c’est que certaines informations, en particulier internationales sont par essence non rentables. Plus c’est loin, plus c’est cher à produire et moins cela intéresse les gens (en règle générale, exception faite du dramatique). A moins de rajouter une bonne couche d’insolites et de divertissement, sur le mode « regardez comme il sont curieux ces gens-là ». Ambiance « Zone interdite » ou « Envoyé Spécial », ce n’est pas vraiment ce que j’appelle du journalisme de qualité.

Alors, si l’info internationale n’est pas rentable, il faut la financer par autre chose. Par des activités de diversification plus rentables, comme les services de petites annonces, d’emploi, de logement. C’est déjà ce que font les groupes de presse comme Ouest-France ou Le Figaro qui rachètent des sites en ligne qui leur apportent des revenus pour financer le journal. Ou le groupe l’Express qui nous explique, par la voix de Corinne Denis, qu’elle gagne surtout de l’argent via les salons professionnels adossés à chaque titre. Là encore complémentarité : pas de salon de l’Etudiant, sans la crédibilité et la légitimité accumulée tout au long des pages du magazine.

Il faut imaginer de nouvelles formes de financement, développer le mécénat, assouplir les modes de participation aux services publics du secteur privé, en s’inspirant du BBC Trust, réformer entièrement le système d’aide à la presse pour mettre les moyens publics là où ils rendent le plus grand service d’intérêt général. Exonérer le crowd-funding de la presse pour le promouvoir…

Par ailleurs, il faut aussi rendre l’information internationale plus accessible, plus attrayante, en expliquant aussi en quoi elle concerne le lecteur. C’est un effort sur les formats qu’a très bien réalisé le Courrier international dès l’origine et explique son succès, notamment auprès des plus jeunes. Montrer en quoi comprendre les autres, aide à mieux se comprendre soi-même.

Il faut inventer de nouveaux services pour justifer le prix d’achat. Comme je ne cesse de le répéter, l’information en soi n’a jamais motivé l’achat d’un journal. C’est l’ensemble des services de divertissement (mots-croisés, cartoon), de socialisation (l’actu elle-même, mais aussi les nécrologies, les annonces de mariages etc.), les services pratiques (immobilier, emploi, programme télé…) qui justifiaient qu’on avait besoin de son journal. Ce dernier était alors indispensable car il était un guide complet du « mieux vivre ». Comme la concurrence du web et des magazines spécialisés a dépouillé la presse de cette valeur, en le proposant de manière plus exhaustive, plusrapidement et gratuitement, il faut retrouver d’autres services qui permettent au lecteur de mieux profiter de sa vie.

C’est là que le data-journalisme et l’exploitation des bases de données peuvent se révéler très utiles pour la presse, à condition de les laisser ouvertes ! Les journaux qui seront capables de créer l’application capable de calculer l’itinéraire routier le moins coûteux en termes d’essence, de temps, d’usure de la voiture trouveront un public captif. Ceux qui sauront créer des applications comparant le prix de l’eau avec ses voisins pour savoir si c’est un prix décent ou inacceptable, feront un carton. Les sites qui pourront permettre à chacun de mieux gérer sa vie en termes de santé (bilan santé de son alimentation hebdo), de culture (un coach culturel pour renforcer ses lacunes), pourquoi pas de sociabilité (analyse faciale automatique pour comprendre les signaux non verbaux que l’on émet en permanence)… Bref, il existe des tas de services à inventer qui permettraient aux gens de mieux vivre et crééraient ainsi des motivations d’achat, conditions d’un modèle économique viable.

On ne peut continuer à se lamenter en vain sur le manque d’intérêt de la population pour l’actualité, sans faire l’effort de lui montrer en quoi elle est utile pour sa vie concrète, immédiate, même lorsqu’il s’agit d’actualité internationale.

Enfin, sans doute le plus important, mais aussi le plus long : il faut renforcer les moyens affectés à l’école et augmenter la culture générale, la curiosité du plus grand nombre. L’intérêt pour l’actualité est aussi dépendante de ce terreau initial qu’est l’instruction, seule capable de développer l’ouverture d’esprit et l’ouverture au monde. Et sur ce sujet, on rejoint une fois de plus la notion de subvention indirecte à la presse : « ouvrir une école, c’est fermer une prison » disait Victor Hugo. C’est aussi, peut-être, dans une certaine mesure, sauver un journal…

 Cyrille Frank

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28 commentaires sur « Le journalisme « augmenté », ce n’est pas les outils, c’est l’humain ! »

  1. Le journalisme augmenté c’est une expression que je ne comprends pas plus que la réalité augmentée ( encore que pour la réalité c’est un non-sens, je vois pas comment on peut faire plus réel que la réalité). Enfin , Il y a peut être des Journalistes en chef qui sont augmentés par leur patrons marchands d’armes pour ne pas casser de bois sur des émirs amateurs de ballons ronds et d’avions honéreux.
    Quand on parle d’observateurs de confiance , il y a t’il un risque de tentative de « manipulation » par des structures proches des gouvernements ou de leurs opposants dans les pays concernés? (Et oui la désinformation peut malheureusement être une arme aussi efficace et moins chère que des bombes ou de la violence, Les « pouvoirs » en sont bien conscients, je pense)
    La représentation du Journaliste-Shiva me pose problème. C’est un Dieu ambigu (le bien et le mal ) Il est censé tout savoir mais il ne dit pas tout (médiapart) Et puis sa représentation sur la photo prête à confusion . On le voit danser sur ce qui à première vue est un bébé. (ça ne donne pas une image sympa des journalistes). Bien qu’après m’être renseigné sur wiki je comprends que le bébé en question n’est autre qu’Apasmara, le démon de l’ignorance. Si il n’a pas toutes les informations comment le lecteur peut-il interpréter cette photo ?. la légende bien qu’elle soit humoristique et atténue l’aspect omnipotent du Dieu n’aide pas vraiment.
    Moi j’aurais Préféré un personnage comme l’inspecteur gadget. Il ne sait pas tout (Loin de là) mais il enquête pour trouver la vérité, ses gadgets ne l’aident pas toujours mais ce ne sont que des outils, si il se plante c’est de sa faute. Il est emprunt de justice et honnête. Et il peut toujours faire confiance à sa nièce et son chien.
    Voilà ma vision du bon journaliste. Celà là mériterait d’être augmenté (mais comme Peter Parker ou Clark Kent il ne fait pas ça pour l’argent, si ?! 🙂 )

    Sinon t’as bossé pour Zdnet et Altavista ?! Mythique! 🙂 ( Altavista pour moi c’était le meilleur moteur de recherche jusqu’en 1998 Avant la vague Google)

    1. Hello !

      Tu auras remarqué mes guillemets sur « augmenté », qui expriment toute la distance que je prends moi-même avec ce jargon marketeux.

      Bien sûr qu’il y a des risques de manipulation, c’est pourquoi ça prend du temps de vérifier, de croiser l’info, de recueillir d’autres témoignages, d’avancer prudemment.

      L’expression de « journaliste-Shiva » ne m’appartient pas, c’est comment ça qu’on appelle dans le milieu ceux à qui on demande de tout faire (et ont donc besoin de plusieurs bras,comme Shiva ). A titre personnel, ce que je pense de la religion hindoue, c’est que c’est de loin la pire, la plus rétrograde, inhumaine, cruelle. Juste un exemple : il n’y a assez peu de solidarité réelle en Inde entre pauvres et moins pauvres, car ceux qui sont pauvres ne font que payer le prix de leurs mauvaises conduites, dans une vie antérieure. Ils sont donc victimes de la double peine : être pauvres et méprisés. Sans évoquer naturellement le système abominables des castes, bien pire que l’apartheid.

      Il faudrait en effet que j’explique cette histoire de bras dans la légende…

      Oui Altavista, belle marque, beau produit tué par des incompétents vendeurs de PC d’abord (Compaq), puis de fonds de pension (CMGI). Tous les ingénieurs sont partis chez Google qui nous a tué en deux ans. Je pourrais dire la même chose de l’incompétence d’un vendeur de chaussures qui a tué AOL en ne croyant pas en l’ADSL (pendant plus d’un an quand même…)

      1. Cher ami, j’avais bien remarqué que tu prenais tes distances avec le marketing (même si il est nécessaire il peut souvent nuire à

        l’information ) . Je me rend compte aussi que mon commentaire est « trollesque » . c’est probablement parce que je ne supporte plus les

        journalistes qui s’éloignent du métier de journaliste tel que tu le conçois. (Je ne commenterais pas sur ce blog si ce n’étais pas le cas, les

        débats stériles avec des « professionnels de l’information » (ou désinformation) ce n’est pas bon pour ma santé 🙂 )
        Pour ce qui est de la religion Hindoue je te rejoins totalement. Je ne suis pas croyant et globalement je considère les religions comme une

        escroquerie de masse. Pour l’Inde c’est le summum, ils n’ont même plus besoin de violence pour asservir des castes de pauvres comme les

        intouchables, qui sont les auto-esclaves des croyances que les générations précédentes leur ont imposé dès la naissance. Gandhi qui est un de

        mes maitres à penser (à ma place) voulait se débarrasser des castes (en douceur) Il n’y est pas parvenu. Enfin, je ne vais pas m’étendre sur

        ce que je pense de L’Inde mais je suis heureux de constater que tu n’es pas à l’origine de l’expression journaliste-shiva parce que même si sa

        représentation est très belle sur le plan artistique nous savons que cette Divinité n’est pas recommandable. Alors un journaliste qui se

        prendrait pour un « DIEU » bellâtre mais vilain polymorphe (ou un présentateur vedette) ce n’est pas une bonne image pour la profession 🙂
        Bon j’arrête là mes élucubrations, je ne suis pas doué pour exprimer ma pensée (et parfois maladroit).
        En tout cas félicitations à toi (et à quoi.info ), vous faites du bon boulot 🙂

        PS: Je n’ai jamais été chez AOL (je n’aimais pas leur techniques commerciales aggressives et leur méthode d’installation invasive) pourtant j’adore Al Bundy en vendeur de chaussures 🙂 . Mais j’ai été chez Worldonline .

  2. Le journalisme augmenté c’est une expression que je ne comprends pas plus que la réalité augmentée ( encore que pour la réalité c’est un non-sens, je vois pas comment on peut faire plus réel que la réalité). Enfin , Il y a peut être des Journalistes en chef qui sont augmentés par leur patrons marchands d’armes pour ne pas casser de bois sur des émirs amateurs de ballons ronds et d’avions honéreux.
    Quand on parle d’observateurs de confiance , il y a t’il un risque de tentative de « manipulation » par des structures proches des gouvernements ou de leurs opposants dans les pays concernés? (Et oui la désinformation peut malheureusement être une arme aussi efficace et moins chère que des bombes ou de la violence, Les « pouvoirs » en sont bien conscients, je pense)
    La représentation du Journaliste-Shiva me pose problème. C’est un Dieu ambigu (le bien et le mal ) Il est censé tout savoir mais il ne dit pas tout (médiapart) Et puis sa représentation sur la photo prête à confusion . On le voit danser sur ce qui à première vue est un bébé. (ça ne donne pas une image sympa des journalistes). Bien qu’après m’être renseigné sur wiki je comprends que le bébé en question n’est autre qu’Apasmara, le démon de l’ignorance. Si il n’a pas toutes les informations comment le lecteur peut-il interpréter cette photo ?. la légende bien qu’elle soit humoristique et atténue l’aspect omnipotent du Dieu n’aide pas vraiment.
    Moi j’aurais Préféré un personnage comme l’inspecteur gadget. Il ne sait pas tout (Loin de là) mais il enquête pour trouver la vérité, ses gadgets ne l’aident pas toujours mais ce ne sont que des outils, si il se plante c’est de sa faute. Il est emprunt de justice et honnête. Et il peut toujours faire confiance à sa nièce et son chien.
    Voilà ma vision du bon journaliste. Celà là mériterait d’être augmenté (mais comme Peter Parker ou Clark Kent il ne fait pas ça pour l’argent, si ?! 🙂 )

    Sinon t’as bossé pour Zdnet et Altavista ?! Mythique! 🙂 ( Altavista pour moi c’était le meilleur moteur de recherche jusqu’en 1998 Avant la vague Google)

    1. Hello !

      Tu auras remarqué mes guillemets sur « augmenté », qui expriment toute la distance que je prends moi-même avec ce jargon marketeux.

      Bien sûr qu’il y a des risques de manipulation, c’est pourquoi ça prend du temps de vérifier, de croiser l’info, de recueillir d’autres témoignages, d’avancer prudemment.

      L’expression de « journaliste-Shiva » ne m’appartient pas, c’est comment ça qu’on appelle dans le milieu ceux à qui on demande de tout faire (et ont donc besoin de plusieurs bras,comme Shiva ). A titre personnel, ce que je pense de la religion hindoue, c’est que c’est de loin la pire, la plus rétrograde, inhumaine, cruelle. Juste un exemple : il n’y a assez peu de solidarité réelle en Inde entre pauvres et moins pauvres, car ceux qui sont pauvres ne font que payer le prix de leurs mauvaises conduites, dans une vie antérieure. Ils sont donc victimes de la double peine : être pauvres et méprisés. Sans évoquer naturellement le système abominables des castes, bien pire que l’apartheid.

      Il faudrait en effet que j’explique cette histoire de bras dans la légende…

      Oui Altavista, belle marque, beau produit tué par des incompétents vendeurs de PC d’abord (Compaq), puis de fonds de pension (CMGI). Tous les ingénieurs sont partis chez Google qui nous a tué en deux ans. Je pourrais dire la même chose de l’incompétence d’un vendeur de chaussures qui a tué AOL en ne croyant pas en l’ADSL (pendant plus d’un an quand même…)

      1. Cher ami, j’avais bien remarqué que tu prenais tes distances avec le marketing (même si il est nécessaire il peut souvent nuire à

        l’information ) . Je me rend compte aussi que mon commentaire est « trollesque » . c’est probablement parce que je ne supporte plus les

        journalistes qui s’éloignent du métier de journaliste tel que tu le conçois. (Je ne commenterais pas sur ce blog si ce n’étais pas le cas, les

        débats stériles avec des « professionnels de l’information » (ou désinformation) ce n’est pas bon pour ma santé 🙂 )
        Pour ce qui est de la religion Hindoue je te rejoins totalement. Je ne suis pas croyant et globalement je considère les religions comme une

        escroquerie de masse. Pour l’Inde c’est le summum, ils n’ont même plus besoin de violence pour asservir des castes de pauvres comme les

        intouchables, qui sont les auto-esclaves des croyances que les générations précédentes leur ont imposé dès la naissance. Gandhi qui est un de

        mes maitres à penser (à ma place) voulait se débarrasser des castes (en douceur) Il n’y est pas parvenu. Enfin, je ne vais pas m’étendre sur

        ce que je pense de L’Inde mais je suis heureux de constater que tu n’es pas à l’origine de l’expression journaliste-shiva parce que même si sa

        représentation est très belle sur le plan artistique nous savons que cette Divinité n’est pas recommandable. Alors un journaliste qui se

        prendrait pour un « DIEU » bellâtre mais vilain polymorphe (ou un présentateur vedette) ce n’est pas une bonne image pour la profession 🙂
        Bon j’arrête là mes élucubrations, je ne suis pas doué pour exprimer ma pensée (et parfois maladroit).
        En tout cas félicitations à toi (et à quoi.info ), vous faites du bon boulot 🙂

        PS: Je n’ai jamais été chez AOL (je n’aimais pas leur techniques commerciales aggressives et leur méthode d’installation invasive) pourtant j’adore Al Bundy en vendeur de chaussures 🙂 . Mais j’ai été chez Worldonline .

  3. Merci merci pour cet article passionnant, mais aussi parce que vous confirmez ce que je dis quotidiennement à mes élèves documentalistes multimédi@s : vous ne travaillez pas seuls, vous devez connaitre les métiers qui vous entourent et parler et comprendre le même langage qu’eux pour travailler main dans la main. Que ce soit avec des informaticiens, des webmasters, des journalistes etc.
    C’est fin des corporatismes dans tous ces métiers. Nous devons travailler ensemble et non plus contre.
    Le documentaliste multimédi@s, de part sa formation et ses compétences, peut apporter beaucoup au journaliste. Que ce soit dans le domaine de la recherche d’infos et la validation des sources, les recherches d’images fixes ou animées, mais aussi dans le domaine juridique pour éviter de grosses bourdes qui peuvent coûter cher à une structure.
    Vive le travail collaboratif !

    1. Bonjour Sylvaine,

      Merci beaucoup 🙂

      Je découvre avec vous ce métier de documentaliste Multimedia, mais je le crois fort utile, notamment en data-journalisme, pour le traitement de l’info qui peut aller jusqu’à compléter les trous qu’il y a souvent dans les tableaux. Une forme d’enquête journalistique tout à fait cruciale et qui le devenir de plus en plus.

      Ravi de voir que je ne suis pas le seul à croire aux vertus de la collaboration et à la nécessité de se parler entre gens différents ! A titre personnel, cela m’a permis de faire avancer des projets beaucoup plus vite et d’aboutir à des résultats beaucoup plus aboutis.

      Très bonne continuation !

      Cyrille

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