Désinformation, manipulations… le public est-il son propre bourreau ?

« Médias : à quoi peut-on se fier » ? Cette question posée par Julien Lecomte dans son ouvrage tombe à pic après le fiasco médiatique de Boston. Erreurs, manipulations, story-telling… Julien passe en revue les différents travers des médias d’information, et comme dans l’exemple de Boston, évoque aussi le rôle non négligeable du public.

La chasse à l’homme des poseurs de bombes de Boston via les réseaux sociaux a pris fin hier 21 avril, avec l’arrestation d’un des deux suspects. Durant près d’une semaine, les fausses informations se sont multipliées sur Twitter ou dans la presse.

Une 3e explosion inventée, une arrestation précoce qui n’avait pas eu lieu, la photo d’un innocent diffusée sur Reddit… On a assisté à une grande confusion de la part des réseaux autant que des médias sur cette histoire. A tel point que le FBI lui-même a demandé à l’agence AP d’être plus prudente.

Cette affaire entre en résonance avec  le propos de Julien Lecomte, agrégé en sociologie des médias, qui a publié récemment « Medias : influence, pouvoir et fiabilité ». Julien examine les risques prêtés aux médias et les passe au tamis des études et de sa réflexion.

Il constate d’abord, d’après son propre sondage, que les médias sont frappés d’un fort discrédit, puisque 79% de son panel pensent être manipulés par les médias et 73% estiment que les médias sont orientés idéologiquement. Un sentiment qui est confirmé chaque année par le baromètre TNS-Sofrès/Télérama, même si le chiffre est plus faible : 63% jugeaient en 2011 que les journalistes n’étaient pas indépendants des partis politiques et du pouvoir, et ils étaient 58% à penser la même chose vis à vis des pouvoirs économiques.

La séquence de ratés que nous venons de vivre ne va pas arranger les choses. Surtout si certains considèrent ces erreurs normales et juste révélatrices d’une nouvelle façon de concevoir l’information, en réajustements permanents (« work in progress »).

Livre Julien Lecomte -mediaculture.fr ©L'Harmattan
Livre Julien Lecomte – ©L’Harmattan

SPECTACULARISATION ET SCENARISATION

C’est d’abord la déformation de l’information pour motifs économiques que l’auteur met en exergue. La course au buzz, le besoin de faire de l’audience qui détermine les ressources publicitaires du média sont les écueils les plus visibles. Et sans doute pas étrangers aux emballements médiatiques de Boston : publier vite cette information pour remonter le premier dans Google News, ou capter un maximum de téléspectateurs sur les chaînes d’info en continu.

Des erreurs liées aussi au manque de temps laissé à la vérification, par souci d’économie là encore. Il faut produire rapidement, quitte à se reposer sur le travail supposé des confrères (« la médiacratie » selon l’auteur), à commencer par les agences de presse, en amont de la production de nombreuses nouvelles. Et catastrophe lorsque l’agence se trompe : tout le monde met alors la tête dans le sac.

L’usage du spectacle constant, comme cette chasse à l’homme 24h/24h, n’est pas sans rappeler le « Prix du danger », film d’anticipation évoquant les dérives de la télé-réalité avant l’heure. Scénario qui a inspiré peut-être le Hunger Games plus récent.

Mais les médias mettent en scène une scénarisation, un story-telling parfois plus subtils.

« Une des caractéristiques des médias pour rendre l’information plus attrayante, « digestible », est de la « mettre en récit », rappelle Julien Lecomte.

Il cite Vladimir Propp et Algirdas Julien Greimas, pères fondateur de l’analyse de récit qui ont défini des schémas récurrents. Le héros, l’agresseur, l’auxiliaire, l’objet de la quête pour Propp. Le héros, l’adjuvant, l’opposant, l’objet du désir… pour Greimas.

A Boston, la police, aidée du public, devait coincer l’agresseur pour rétablir la paix et la justice. Pas vraiment d’opposant ici, si ce n’est des hasards de circonstance qui créent des rebondissements dramatiques (la mort du policier) et prolongent la quête jusqu’à la victoire. Manque le dénouement final : la confrontation pour connaître les motifs du mal, puis la sanction qui viendra clore cette tension émotionnelle croissante, dans un grand exutoire défoulatoire.

EDULCORATION ET CONSENSUS

Julien évoque là cette tendance des médias à :

« lisser les émissions pour ne pas bousculer leur audience, pour la flatter, voire lui permettre de se regarder le nombril »

Un processus que je classe moi-même dans les techniques de story-telling, positives cette fois. Il faut que l’histoire soit jolie et qu’elle apporte du bien-être, du plaisir : la satisfaction de voir la justice triompher, le mérite récompensé, la morale sauvegardée.

L’information devient elle-même divertissement, de manière imperceptible, sous le prétexte de relater de belles histoires « positives ». Un phénomène qui tient compte d’un certain agenda et voit se multiplier les jolis contes du quotidien à Noël ou durant les vacances d’été.

A moins que le processus ne soit exactement le contraire : la déformation par la dramatisation, l’exagération sombre pour faire frissonner dans les chaumières et susciter de l’émotion négative cette fois. C’est ce que dénonce Patrick Champagne dans « la vision médiatique « , cette propension des médias à construire une représentation particulièrement noire des cités et de ses habitants. Image qui devient auto-réalisatrice par effet de mimétisme.

L’IDEOLOGIE PAR LA BANDE

C’est sans doute l’effet le plus puissant des médias et néanmoins le plus difficile à déceler. Julien Lecomte insiste dès le début de son ouvrage sur ce phénomène récurrent qui présente une vision partisane du monde, des choix et positions culturelles masquées.

Une caractéristique même de l’idéologie selon Paul Ricoeur que l’auteur résume bien :

« Pour Ricoeur, une idéologie fonctionne d’autant mieux que sa dissimulation d’elle-même est forte. C’est même sa caractéristique constitutive, corollaire de son propre renforcement »

On la retrouve notamment à travers les clichés : les fourmis chinoises laborieuses, les banlieues forcément tristes, les syndicats « bloquants », l’Internet pauvre en informations et désinformateur…

Pour Julien Lecomte, « l’influence des médias ne correspond pas tant à des tentatives conscientes de manipulations, qu’à la perpétuation de valeurs et d’idées reçues« .

Mulholland Drive, le film à construire soi-même - mediaculture.fr
Mulholland Drive, le film à construire soi-même – mediaculture.fr

LE PUBLIC COMPLICE !

Le grand mérite de l’ouvrage, outre celui de disséquer tous ces mécanismes (entre autres), est de porter notre attention sur la responsabilité du récepteur.

Nous avons tendance à reporter toute la faute des dérives de l’information sur ses seuls producteurs. Julien vient rappeler fort opportunément notre rôle de co-producteurs du sens et des idéologies elles-mêmes.

La traque sur Internet des poseurs de bombe de Boston et toutes les rumeurs colportées par le public sur Reddit sont un cas extrême de production et diffusion réelle de l’information erronée.

Sans en arriver à une telle contribution exceptionnelle, Julien invoque Paul Ricoeur pour montrer la réappropriation dynamique des discours par la cible, selon le contexte. Ainsi la propagande a-t-elle besoin d’un matériau propice pour trouver un écho : le public lui-même. C’est l’image de la plaque conductrice de silicium ( cf D. Schneidermann).

Paul Lazarsfeld, dès les années 40 a montré dans « the people’s choice », comment les discours politiques renforçaient les opinions préalables, plus qu’elles ne permettaient de convaincre le public.

De même, Tamar Liebes à travers son étude des téléspectateurs de Dallas dans le monde, montre combien une même émission de divertissement est réinterprétée différemment selon les cultures, les usages, les valeurs initiales. Pourquoi JR est-il si méchant ? Parce qu’il veut le pouvoir et qu’il est sadique pour les uns, parce qu’il est malheureux et ne connaît pas l’amour pour les autres, parce qu’il veut laisser une trace sur le monde etc.

Comme le montrait déjà Umberto Eco dans « Lector in Fabula », l’oeuvre culturelle est une co-production, qu’il s’agisse d’un livre, d’une série, d’un film (un concept que poussera très loin David Lynch dans Muholland Drive).

Julien Lecomte, fort justement, insiste donc sur la nécessité de se pencher aussi sur nos propres biais cognitifs et d’éduquer aux médias en prenant en considération ce « doute salvateur ». Celui qui interroge : et si j’avais tort ? Et si j’étais influencé ? Si mon opinion était construite sur de mauvaises bases ?

MAITRISER LES OUTILS ET TECHNIQUES D’INFORMATION

L’auteur se félicite du foisonnement des informations et des outils disponibles sur Internet. Wikipedia, en dépit des critiques de fiabilité qu’on peut lui adresser, reste une base de recherche intéressante, ne serait-ce que par l’accès aux sources notées en bas d’article.

Les fonctions de recherche avancées de Google (opérateurs booléens), les moteurs internes des sites qui permettent d’interroger des bases de données dynamiques, les annuaires spécialisés… La base des informations disponibles ne se réduit pas aux résultats de Google.

Fort pertinemment, il insiste sur la la nécessité de trouver des discours discordants de ceux les plus fréquemment diffusés. La démarche de falsification d’une information rejoint la méthode scientifique selon laquelle une théorie scientifique, pour être reconnue comme telle, doit être réfutable (principe de base de l’épistémologie). Ainsi la preuve ontologique de l’existence de Dieu n’est pas une théorie scientifique, car elle n’est ni contestable, ni probante.

L’opinion majoritaire ne dit rien de sa validité. C’est ce que rappelle Jean-Pierre Bacri dans « Cuisine et dépendances » : « La majorité, quelle majorité ? Celle qui se met sa dose de Sigur ros tous les soirs avant d’aller dormir ? Celle qui ne jure que par Diabologum ? Celle qui écoute des groupes chiants comme la mort ? »

Par ailleurs, la perception nous trompe, nous expliquent Descartes, Platon et Kant, ce qui pourrait nous conduire à un relativisme absolu (tout se vaut, il n’ y a pas de vrai, que des vérités relatives), ou pire un nihilisme : rien n’a de valeur, tout est faux et trompeur.

Mais Julien, dans la tradition humaniste, prétend qu’une certaine vérité est accessible et que des informations ont plus de valeur que d’autres, notamment celles qui accroissent le champs de liberté de l’être humain.

Il milite donc pour une éducation aux médias et au développement d’un esprit critique à la fois des sources d’information, mais aussi de nos processus d’interprétation et de transformation, voire de déformation de l’information.

Ce livre remarquable fait une synthèse augmentée de nombreux travaux en s’appuyant sur des exemples de l’actualité récente. Je le conseille en priorité aux futurs journalistes, mais aussi à tous les citoyens soucieux de faire la part entre fantasmes et influences réelles des médias. Et désireux de travailler sur soi, pour s’ouvrir à la vraie intelligence des médias.

Cyrille Frank

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A LIRE :

Le blog de Julien Lecomte
Le livre :
Médias : influence, pouvoir et fiabilité

ET AUSSI :

31 commentaires sur « Désinformation, manipulations… le public est-il son propre bourreau ? »

  1. j’ai relevé quelques fautes que je vais révéler ci-après pour rétablir la vérité de ce post 🙂
    « à penser la même chose vis à vois des pouvoirs économiques. » vis à vis pas vois (oui il n’y a pas de quoi pas voiser : )
    « Celle qui se met sa dose de Sigur ros tous les soirs avant de d’aller dormir ? » Je sais pas ce qu’est sigur ros mais je vais le googler avant d’aller dormir et pas « de d’aller » 🙂
    « nihilisme : rien ne de valeur, tout est faux et trompeur. » rien n’a de valeur et pas  » ne de valeur » . De rien, ne me remercie pas moi aussi je fait des erreurs quand je ne me relis pas, la différence c’est que je n’écris pas autant que toi et pas aussi souvent. (mêmme quasiment jamais j’ai du mal à aligner 3 phrases c’est un métier et toi tu le fais bien 🙂 )
    Sinon sur le texte c’est vrai que les gens sont submergés d’informations et ont parfois du mal à trier. Ils se fient souvent à l’opinion générale sans chercher à approfondir. C’est éreintant de chercher la petite bête et on découvre souvent que la réalité est décevante par rapport au conte de fée ou au cauchemard qu’on nous promet (story telling) 🙂

    1. Merci camarade !
      j’ai dû partir vite, pas eu le temps de me relire…

      Corrections effectuées, en attendant que j’en retrouve d’autres demain 🙂

  2. On voit passer là, dans la façon de produire de l’information et surtout dans la façon de la recevoir, un thème de référence, à savoir l’approche par les biais cognitifs, façon savante d’appeler les erreurs-types de jugement.
    Sont évoqués, par exemple, dans l’article de façon directe ou indirecte les biais suivants (https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif)

    • Biais rétrospectif ou l’effet « je le savais depuis le début »
    • Effet de halo — une perception sélective d’informations allant dans le sens d’une première impression que l’on cherche à confirmer
    • Illusion de savoir — se fier à de mauvaises croyances pour appréhender une réalité et ne pas chercher à recueillir d’autres informations
    • Biais de confirmation d’hypothèse — préférer les éléments qui confirment plutôt que ceux qui infirment une hypothèse
    • Cadrage — la façon de présenter une situation influe sur la façon dont elle est interprétée

    Il y en a des dizaines qui ont été mis à jour par diverses recherches.
    Beaucoup de sites en parlent et je pense que c’est très intéressant à mettre en situation.

    1. Bonjour,

      C’est amusant, j’avais repéré et mis de côté cette page Wikipedia pour un papier ultérieur et failli l’ajouter à mon papier (ce que je vais faire merci)
      C’est un sujet passionnant en effet, qui invite à davantage d’introspection, ce « doute salvateur » comme je l’appelle

      Merci encore !

      Cyrille

    2. En effet, gv, je me suis particulièrement intéressé à certains de ces biais, notamment le biais de confirmation d’hypothèse. A noter que je les considère bien comme des tendances statistiques (individuelles ou sociales), et non des façons de réagir dans l’absolu. Sujet passionnant, je vous rejoins!

  3. On voit passer là, dans la façon de produire de l’information et surtout dans la façon de la recevoir, un thème de référence, à savoir l’approche par les biais cognitifs, façon savante d’appeler les erreurs-types de jugement.
    Sont évoqués, par exemple, dans l’article de façon directe ou indirecte les biais suivants (https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif)

    • Biais rétrospectif ou l’effet « je le savais depuis le début »
    • Effet de halo — une perception sélective d’informations allant dans le sens d’une première impression que l’on cherche à confirmer
    • Illusion de savoir — se fier à de mauvaises croyances pour appréhender une réalité et ne pas chercher à recueillir d’autres informations
    • Biais de confirmation d’hypothèse — préférer les éléments qui confirment plutôt que ceux qui infirment une hypothèse
    • Cadrage — la façon de présenter une situation influe sur la façon dont elle est interprétée

    Il y en a des dizaines qui ont été mis à jour par diverses recherches.
    Beaucoup de sites en parlent et je pense que c’est très intéressant à mettre en situation.

  4. Deux petites précisions suite à quelques interpellations que j’ai lues par rapport à ton billet. A mon avis, les auteurs de celles-ci se sont arrêtés au titre de ton article, il est vrai un peu provocateur ;-).

    La première, c’est que je ne crois pas que le fait d’évoquer le rôle de partie prenante aux processus de sélection (agenda setting), mise en forme ou encore (re)diffusion et partage de l’information impliquent que je dénie toute responsabilité de la part des médias d’information / journalistes lorsque des dérives (notamment sur le plan déontologique) sont rencontrées. Je ne pense pas non plus que ce soit ton cas, Cyrille. Je constate par contre en parallèle une coexistence entre des discours très critiques et des comportements de consommation peu critiques. D’où l’idée de ne pas se limiter à une dénonciation parfois orientée des médias et de proposer des pistes de réflexion à l’usage du public : d’un coté, il y a les médias, et de l’autre comment le public réagit en conséquence, et c’est là où l’on a sa part de responsabilité qu’il me semble le plus judicieux d’agir.

    La seconde, liée, c’est que lorsque je traite du pôle de la « réception » et de co-création de sens, je ne me situe pas au niveau du « factchecking », mais bien des choix éditoriaux, des idéologies sociales, etc. Personnellement, je n’ai en rien suivi les élucubrations autour des incidents de Boston. Le fait qu’elles aient été massivement suivies et relayées, ça, ça dit socialement quelque chose du public, mais qui ne les rend pas pour autant responsables des imprécisions, erreurs et contrevérités colportées par plusieurs journalistes, dans le contexte médiatique que l’on sait (quant aux autres dérapages éventuels, je ne me positionne pas à leurs propos). Les deux sont bien à distinguer. Dans ce système en général, on n’a d’ailleurs pas que « le » titre de presse qui commet une faute et le(s) public(s), mais bien une foule d’intervenants – y compris le(s) public(s) (agences de presse, groupes média, sources plus ou moins officielles, leaders d’opinions, politiciens, concurrence…).

    Pour ceux qui souhaiteraient approfondir ces considérations (à nuancer elles aussi : le défi que Cyrille a relevé, c’est de rendre digestible son opinion par rapport à un livre de 250 pages tout en établissant des liens avec l’actu récente. Ici, je ne fais qu’effleurer quelques pistes de complexification par rapport à une interprétation de ces propos), la table des matières de mon ouvrage montre dans quel contexte, dans quel cheminement et dans quelle mesure j’entends les réflexions évoquées ici.

    1. Bonjour Julien,

      Je vais clarifier les choses : ceci est un blog qui reflète mes points de vue et mes réflexions. Par conséquent, le billet précédent qui évoque en grande partie ton excellent livre, n’en est pas le résumé pur, mais bien une interprétation personnelle.

      Ce que j’y ai trouvé de plus intéressant, c’est cette co-responsabilité du récepteur que je mets en avant par ce titre accrocheur. C’est un raccourci évidemment réducteur mais qui a vocation de transmettre l’idée forte. Je revendique ces titres qui vendent davantage le contenu tant qu’ils ne trahissent pas l’idée (ce que je ne pense pas avoir fait s’agissant de l’une des idées du livre qui en fourmille).

      Naturellement je n’exonère pas du tout les médias de leur responsabilité, l’article les aborde d’ailleurs en premier et cette partie représente les deux tiers de ma prose !

      Il y a un écart entre ton langage de chercheur forcément mesuré et précautionneux et ce blog qui revendique des avis personnels, argumentés mais subjectifs. De même qu’il y en a entre la vulgarisation journalistique et la parole d’expert. Toute vulgarisation est déformation, nécessairement (ne serait-ce que troncation). Tout est question de curseur… J’espère n’avoir pas trop déformé le message initial, et trahi ta réflexion. Ou plutôt l’une de tes multiples réflexions 🙂

      1. Je suis tout à fait d’accord avec toi, je répercute juste ici plusieurs messages qui sont pour moi le reflet d’une mauvaise interprétation de tes propos (interventions qui consistaient à dire réduire celui-ci à « si les médias font des conneries, c’est de la faute du public », ce que tu n’as évidemment pas dit). Cela me permet de clarifier les choses par rapport à ce type d’interprétation fallacieuse, je n’estime pas que ton billet trahisse quoi que ce soit, au contraire ;-). Merci à toi!

  5. Deux petites précisions suite à quelques interpellations que j’ai lues par rapport à ton billet. A mon avis, les auteurs de celles-ci se sont arrêtés au titre de ton article, il est vrai un peu provocateur ;-).

    La première, c’est que je ne crois pas que le fait d’évoquer le rôle de partie prenante aux processus de sélection (agenda setting), mise en forme ou encore (re)diffusion et partage de l’information impliquent que je dénie toute responsabilité de la part des médias d’information / journalistes lorsque des dérives (notamment sur le plan déontologique) sont rencontrées. Je ne pense pas non plus que ce soit ton cas, Cyrille. Je constate par contre en parallèle une coexistence entre des discours très critiques et des comportements de consommation peu critiques. D’où l’idée de ne pas se limiter à une dénonciation parfois orientée des médias et de proposer des pistes de réflexion à l’usage du public : d’un coté, il y a les médias, et de l’autre comment le public réagit en conséquence, et c’est là où l’on a sa part de responsabilité qu’il me semble le plus judicieux d’agir.

    La seconde, liée, c’est que lorsque je traite du pôle de la « réception » et de co-création de sens, je ne me situe pas au niveau du « factchecking », mais bien des choix éditoriaux, des idéologies sociales, etc. Personnellement, je n’ai en rien suivi les élucubrations autour des incidents de Boston. Le fait qu’elles aient été massivement suivies et relayées, ça, ça dit socialement quelque chose du public, mais qui ne les rend pas pour autant responsables des imprécisions, erreurs et contrevérités colportées par plusieurs journalistes, dans le contexte médiatique que l’on sait (quant aux autres dérapages éventuels, je ne me positionne pas à leurs propos). Les deux sont bien à distinguer. Dans ce système en général, on n’a d’ailleurs pas que « le » titre de presse qui commet une faute et le(s) public(s), mais bien une foule d’intervenants – y compris le(s) public(s) (agences de presse, groupes média, sources plus ou moins officielles, leaders d’opinions, politiciens, concurrence…).

    Pour ceux qui souhaiteraient approfondir ces considérations (à nuancer elles aussi : le défi que Cyrille a relevé, c’est de rendre digestible son opinion par rapport à un livre de 250 pages tout en établissant des liens avec l’actu récente. Ici, je ne fais qu’effleurer quelques pistes de complexification par rapport à une interprétation de ces propos), la table des matières de mon ouvrage montre dans quel contexte, dans quel cheminement et dans quelle mesure j’entends les réflexions évoquées ici.

    1. Bonjour Julien,

      Je vais clarifier les choses : ceci est un blog qui reflète mes points de vue et mes réflexions. Par conséquent, le billet précédent qui évoque en grande partie ton excellent livre, n’en est pas le résumé pur, mais bien une interprétation personnelle.

      Ce que j’y ai trouvé de plus intéressant, c’est cette co-responsabilité du récepteur que je mets en avant par ce titre accrocheur. C’est un raccourci évidemment réducteur mais qui a vocation de transmettre l’idée forte. Je revendique ces titres qui vendent davantage le contenu tant qu’ils ne trahissent pas l’idée (ce que je ne pense pas avoir fait s’agissant de l’une des idées du livre qui en fourmille).

      Naturellement je n’exonère pas du tout les médias de leur responsabilité, l’article les aborde d’ailleurs en premier et cette partie représente les deux tiers de ma prose !

      Il y a un écart entre ton langage de chercheur forcément mesuré et précautionneux et ce blog qui revendique des avis personnels, argumentés mais subjectifs. De même qu’il y en a entre la vulgarisation journalistique et la parole d’expert. Toute vulgarisation est déformation, nécessairement (ne serait-ce que troncation). Tout est question de curseur… J’espère n’avoir pas trop déformé le message initial, et trahi ta réflexion. Ou plutôt l’une de tes multiples réflexions 🙂

      1. Je suis tout à fait d’accord avec toi, je répercute juste ici plusieurs messages qui sont pour moi le reflet d’une mauvaise interprétation de tes propos (interventions qui consistaient à dire réduire celui-ci à « si les médias font des conneries, c’est de la faute du public », ce que tu n’as évidemment pas dit). Cela me permet de clarifier les choses par rapport à ce type d’interprétation fallacieuse, je n’estime pas que ton billet trahisse quoi que ce soit, au contraire ;-). Merci à toi!

  6. Je n’avais pas grand doute Julien (sinon je pense que tu me l’aurais signalé en amont, ce qui ne m’aurait en aucun cas dérangé) !

    C’était surtout une réponse/explication à ceux et celles qui t’avaient interpellés ! 🙂

  7. Je vais me permettre de vous redéranger un petit peu. Mon dernier commentaire sur votre site avait notamment consisté à vous indiquer un lien pointant vers un article qui évoquait les différentes conditions, en particulier la durée « incompressible », pour qu’un apprentissage technique se réalise et puisse aboutir à une création et une production nouvelle (« devenir un mentat »). Il se voulait complémentaire à votre citation de Guichard de l’E.H.E.S.S. dans votre excellente synthèse titré « Twitter ou les mirages de… ».

    A l’égard de cette autre excellente synthèse « le public est-il son propre bourreau », j’ose orienter votre attention vers un personnage que vous semblez ignorer (c’est la perception que j’ai… c.-à-d. qu’il est fort possible qu’elle soit fausse) : un certain Bronner, auteur de « La démocratie des crédules ». Je viens de solliciter votre moteur de recherche interne avec son nom, et votre moteur ne m’a rien « sorti », et je n’ai pas l’impression que vous ayez relayé son existence sur votre compte Twitter.

    Vous avez une note de lecture accessible ici (trois pages) : http://inter-ligere.fr/index.php/social/1004-a-lire-la-democratie-des-credules-de-gerald-bronner-1er-partie-les-biais-d-internet, et il est possible d’écouter et de voir ce Bronner ici : https://www.youtube.com/watch?v=7JVUe9wDubU&feature=youtu.be&a

    Transcription et résumé de la vidéo : hyperinformation, massification de l’information, informations exponentielles, « cela creuse le sillon du biais de confirmation : plus vous avez d’informations dans l’espace, plus la probabilité de trouver au moins une information qui confirme vos croyances (…) est grande. (…) Le rapport de force qui s’organise sur ce marché de l’information tient surtout à la motivation des individus ; plus vous êtes motivé, plus vous allez faire valoir des messages », et ces gens plus motivés que les autres peuvent parvenir à créer une sorte « d’oligopôle mentale, cognitive ». Bronner aborde ensuite la limitation naturelle des capacités mentales humaines et des interactions entre la raison et les émotions-sentiments. Enfin, il conclut en abordant un sujet rarement – pour ne pas écrire jamais – abordé, à savoir la nature du régime politique et sa compatibilité avec les nouvelles technologies de la communication et de l’information, et la compatibilité du régime politique avec la sociologie de ces technologies.

    Plusieurs de ces opinions sont proches des miennes (mais non identiques). Je ne vais pas développer le sujet, ce serait probablement trop long, égocentrique et ennuyeux, et le commentaire d’un article sur un site n’est pas le meilleur vecteur qui soit.

    Je vais toutefois développer un seul point (alors que j’en aurais au moins six ou sept autres) parce que ce point m’a fait penser à vous. Vous semblez accorder une grande importance et une grande espérance à l’éducation. Vous terminez votre présent article en l’évoquant et vous faisiez la même chose en terminant votre article sur Twitter. Or Bronner remarque fort judicieusement que « On pourrait penser que l’éducation est un bon rempart contre les croyances. Mais là encore les études prouvent le contraire : – On observe une décorrélation entre le niveau d’étude et l’esprit critique. Les plus éduqués sont aussi les plus curieux, sont ceux qui ont la meilleure « disponibilité mentale », et donc sont ceux qui sont plus perméables aux idées nouvelles, différentes, et bizarres. » (bas de la page 3 des notes de lecture). Je trouve cette remarque fort judicieuse parce que j’ai suivi, il y a bien longtemps, un enseignement « spécial » ; l’un de mes formateurs avait été un dénommé Laurent Gaildraud (faites une recherche Google, vous trouverez son profil, notamment une vidéo commerciale sur Dailymotion postée le 6 avril 2012) ; le (pseudo ?) enseignement de ce Gaildraud consistait à nous apprendre à activer-créer ou « éteindre » une rumeur, et l’une des rares choses que j’avais apprise, avait été que les personnes appartenant aux classes sociales et professionnelles les plus élevées, étaient les personnes les plus réceptives et propagatrices de rumeurs. Gaildraud nous avait produit des chiffres. Je viens de les retrouver. Pour lui, 64-65 % des cadres, professeurs et professions libérales avaient des prédispositions à être des conducteurs-relayeurs de rumeurs, contre 56 % pour les employés et 50 % pour les ouvriers.

    Je m’arrête là, je suis déjà horriblement long.

    Bien à vous

    1. Bonjour Mac Guffin,

      Désolé du délai de réponse, je voulais prendre le temps d’y répondre convenablement. Toujours un plaisir de lire vos commentaires riches et intéressants 🙂
      Merci d’attirer mon attention sur Gérald Bronner que je ne connaissais pas. L’étude et la réflexion sont vraiment intéressantes, s’agissant de la propagation des rumeurs.

      Attention à ne pas confondre toutefois corrélation et causalité. De fait, les catégories supérieures lisent plus que les catégories moins favorisées, donc elles sont statistiquement plus exposées aux thèses loufoques (ex : le faux alunissage et autres théories du complot). Sur le lot des personnes instruites, on en trouvera donc qui seront malgré tout influençables et perméables aux idées et arguments bizarres, pour peu que la forme soit académique.

      Mais le chiffre serait peut-être bien supérieur encore si les catégories moins instruites s’exposaient aux mêmes messages (via la TV, plus populaire, par exemple). Quand on regarde dans l’Histoire les grands mouvements de foule et de superstition, on constate une profonde ignorance, savamment entretenue par les religions d’ailleurs (ex : le massacre de la Saint-Barthélémy « préventif » de la rumeur que les protestants se préparaient eux-mêmes à massacrer les catholiques, les pogroms romains ou russes qui prétendaient que les juifs avait mis le feu à Rome ou empoisonné les puits etc.)

      Là où je suis d’accord, c’est que l’instruction n’est pas une garantie d’esprit critique. Pour moi, c’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. L’instruction donne un panel d’outils sans lesquelles il est plus dur de se forger un esprit critique (plus dur mais pas impossible pour les personnes très curieuses qui se posent des questions et sont logiques). En revanche, il faut aussi une rigueur intellectuelle pas toujours associée à la réussite scolaire (le « par-coeur » ou la réplication mécanique peuvent suffire à franchir certains niveaux, avec finalement peu de réflexion), des dispositions émotionnelles particulières (la capacité de remettre en cause ses idées, sans se sentir déstabilisé, la volonté et force de caractère de se soumettre à la « dictature de la raison »…)

      L’instruction ne prémunit pas contre l’erreur et la bêtise, mais c’est quand même un plus !

      « Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance », disait l’ancien président de harvard, Derek Bok 🙂

      Bien cordialement

      Cyrille

      1. Nous atteignons probablement les limites de la communication par des commentaires sur un site internet. Mais nous sommes allés assez loin. Un assez bon niveau, je trouve ;-))

        Si mon commentaire de l’autre jour vous a fait réfléchir, intéressé et peut-être ouvert quelques perspectives à travers ce Bronner via un professionnel de l’I.E., j’en suis assez flatté, et si votre réflexion devait aboutir à de nouvelles analyses, élaborations et relations, je serais intéressé de les lire. Il est toujours intéressant de lire un effort personnel de réflexions cultivées, expérimentées, honnêtes et intelligentes. Je vous l’ai déjà écrit (il me semble me souvenir) : vos analyses et vos remarques sont… d’une qualité malheureusement peu commune…

        Il y aurait bien d’autres sujets à aborder, comme par exemple la « médiacratie ». Par ailleurs, j’ai lu récemment un article qui m’a interpellé, sur la Chine (http://www.sicw-news.com/2013/04/la-chine-coupe-les-liens-de-sa-presse.html), et je m’étais demandé ce que vous pourriez en penser, non pas à propos du sujet grossier de la dictature (nous somme d’accord, il n’y a pas de grandes originalités à écrire sur le sujet), mais sur les questions de la « fiabilité » de l’information, et des « rapports de force » internationaux, qui sont deux autres aspects des enjeux informationnels ; mais comme je vous l’écrivais en préambule, nous atteignons les limites du commentaire sur site 😉

        Je ne regrette finalement qu’une chose : qu’il n’y ait pas une fonction qui préviennent vos commentateurs de vos réponses : je viens seulement ce soir de me souvenir que je vous avais laissé un commentaire, et de découvrir votre réponse.

        Je vous souhaite une bonne soirée si vous lisez ce message en quasi direct, et une bonne continuation.

        Bien à vous Cyrille

  8. Je vais me permettre de vous redéranger un petit peu. Mon dernier commentaire sur votre site avait notamment consisté à vous indiquer un lien pointant vers un article qui évoquait les différentes conditions, en particulier la durée « incompressible », pour qu’un apprentissage technique se réalise et puisse aboutir à une création et une production nouvelle (« devenir un mentat »). Il se voulait complémentaire à votre citation de Guichard de l’E.H.E.S.S. dans votre excellente synthèse titré « Twitter ou les mirages de… ».

    A l’égard de cette autre excellente synthèse « le public est-il son propre bourreau », j’ose orienter votre attention vers un personnage que vous semblez ignorer (c’est la perception que j’ai… c.-à-d. qu’il est fort possible qu’elle soit fausse) : un certain Bronner, auteur de « La démocratie des crédules ». Je viens de solliciter votre moteur de recherche interne avec son nom, et votre moteur ne m’a rien « sorti », et je n’ai pas l’impression que vous ayez relayé son existence sur votre compte Twitter.

    Vous avez une note de lecture accessible ici (trois pages) : http://inter-ligere.fr/index.php/social/1004-a-lire-la-democratie-des-credules-de-gerald-bronner-1er-partie-les-biais-d-internet, et il est possible d’écouter et de voir ce Bronner ici : https://www.youtube.com/watch?v=7JVUe9wDubU&feature=youtu.be&a

    Transcription et résumé de la vidéo : hyperinformation, massification de l’information, informations exponentielles, « cela creuse le sillon du biais de confirmation : plus vous avez d’informations dans l’espace, plus la probabilité de trouver au moins une information qui confirme vos croyances (…) est grande. (…) Le rapport de force qui s’organise sur ce marché de l’information tient surtout à la motivation des individus ; plus vous êtes motivé, plus vous allez faire valoir des messages », et ces gens plus motivés que les autres peuvent parvenir à créer une sorte « d’oligopôle mentale, cognitive ». Bronner aborde ensuite la limitation naturelle des capacités mentales humaines et des interactions entre la raison et les émotions-sentiments. Enfin, il conclut en abordant un sujet rarement – pour ne pas écrire jamais – abordé, à savoir la nature du régime politique et sa compatibilité avec les nouvelles technologies de la communication et de l’information, et la compatibilité du régime politique avec la sociologie de ces technologies.

    Plusieurs de ces opinions sont proches des miennes (mais non identiques). Je ne vais pas développer le sujet, ce serait probablement trop long, égocentrique et ennuyeux, et le commentaire d’un article sur un site n’est pas le meilleur vecteur qui soit.

    Je vais toutefois développer un seul point (alors que j’en aurais au moins six ou sept autres) parce que ce point m’a fait penser à vous. Vous semblez accorder une grande importance et une grande espérance à l’éducation. Vous terminez votre présent article en l’évoquant et vous faisiez la même chose en terminant votre article sur Twitter. Or Bronner remarque fort judicieusement que « On pourrait penser que l’éducation est un bon rempart contre les croyances. Mais là encore les études prouvent le contraire : – On observe une décorrélation entre le niveau d’étude et l’esprit critique. Les plus éduqués sont aussi les plus curieux, sont ceux qui ont la meilleure « disponibilité mentale », et donc sont ceux qui sont plus perméables aux idées nouvelles, différentes, et bizarres. » (bas de la page 3 des notes de lecture). Je trouve cette remarque fort judicieuse parce que j’ai suivi, il y a bien longtemps, un enseignement « spécial » ; l’un de mes formateurs avait été un dénommé Laurent Gaildraud (faites une recherche Google, vous trouverez son profil, notamment une vidéo commerciale sur Dailymotion postée le 6 avril 2012) ; le (pseudo ?) enseignement de ce Gaildraud consistait à nous apprendre à activer-créer ou « éteindre » une rumeur, et l’une des rares choses que j’avais apprise, avait été que les personnes appartenant aux classes sociales et professionnelles les plus élevées, étaient les personnes les plus réceptives et propagatrices de rumeurs. Gaildraud nous avait produit des chiffres. Je viens de les retrouver. Pour lui, 64-65 % des cadres, professeurs et professions libérales avaient des prédispositions à être des conducteurs-relayeurs de rumeurs, contre 56 % pour les employés et 50 % pour les ouvriers.

    Je m’arrête là, je suis déjà horriblement long.

    Bien à vous

    1. Bonjour Mac Guffin,

      Désolé du délai de réponse, je voulais prendre le temps d’y répondre convenablement. Toujours un plaisir de lire vos commentaires riches et intéressants 🙂
      Merci d’attirer mon attention sur Gérald Bronner que je ne connaissais pas. L’étude et la réflexion sont vraiment intéressantes, s’agissant de la propagation des rumeurs.

      Attention à ne pas confondre toutefois corrélation et causalité. De fait, les catégories supérieures lisent plus que les catégories moins favorisées, donc elles sont statistiquement plus exposées aux thèses loufoques (ex : le faux alunissage et autres théories du complot). Sur le lot des personnes instruites, on en trouvera donc qui seront malgré tout influençables et perméables aux idées et arguments bizarres, pour peu que la forme soit académique.

      Mais le chiffre serait peut-être bien supérieur encore si les catégories moins instruites s’exposaient aux mêmes messages (via la TV, plus populaire, par exemple). Quand on regarde dans l’Histoire les grands mouvements de foule et de superstition, on constate une profonde ignorance, savamment entretenue par les religions d’ailleurs (ex : le massacre de la Saint-Barthélémy « préventif » de la rumeur que les protestants se préparaient eux-mêmes à massacrer les catholiques, les pogroms romains ou russes qui prétendaient que les juifs avait mis le feu à Rome ou empoisonné les puits etc.)

      Là où je suis d’accord, c’est que l’instruction n’est pas une garantie d’esprit critique. Pour moi, c’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. L’instruction donne un panel d’outils sans lesquelles il est plus dur de se forger un esprit critique (plus dur mais pas impossible pour les personnes très curieuses qui se posent des questions et sont logiques). En revanche, il faut aussi une rigueur intellectuelle pas toujours associée à la réussite scolaire (le « par-coeur » ou la réplication mécanique peuvent suffire à franchir certains niveaux, avec finalement peu de réflexion), des dispositions émotionnelles particulières (la capacité de remettre en cause ses idées, sans se sentir déstabilisé, la volonté et force de caractère de se soumettre à la « dictature de la raison »…)

      L’instruction ne prémunit pas contre l’erreur et la bêtise, mais c’est quand même un plus !

      « Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance », disait l’ancien président de harvard, Derek Bok 🙂

      Bien cordialement

      Cyrille

  9. Bonsoir

    Un court rajout relatif à la relation entre éducation et innovation technologiques (sans lien direct avec le sujet de l’influence/rumeur) : une invitation à lire cet article : http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/06/17/rage-contre-la-machine.html.

    L’innovation informatique est susceptible d’abêtir, d’irresponsabiliser et de paupériser.

    (j’ai eu du mal à retrouver cette page de commentaires trois semaines après nos échanges : dommage qu’il n’y ait pas un système d’envoi de courriels mentionnant l’adresse http où l’on a laissé un com’, comme sur over-blog je crois, cela m’aurait permis de retrouver facilement l’adresse)

    Bien à vous Cyrille, et bonnes réflexions

  10. Bonsoir

    Un court rajout relatif à la relation entre éducation et innovation technologiques (sans lien direct avec le sujet de l’influence/rumeur) : une invitation à lire cet article : http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/06/17/rage-contre-la-machine.html.

    L’innovation informatique est susceptible d’abêtir, d’irresponsabiliser et de paupériser.

    (j’ai eu du mal à retrouver cette page de commentaires trois semaines après nos échanges : dommage qu’il n’y ait pas un système d’envoi de courriels mentionnant l’adresse http où l’on a laissé un com’, comme sur over-blog je crois, cela m’aurait permis de retrouver facilement l’adresse)

    Bien à vous Cyrille, et bonnes réflexions

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